Une place de vendeuse pour une folle, trouvez-vous cela judicieux comme choix ? Son père n’était pas aveugle et pourtant, il n’a pas pu dire non à sa fille chérie. Elle exige, elle obtient. Ainsi vont les choses. Contre toute attente, elle savait conseiller et se montrer quelque peu normale. En espérant que vous ne donnez pas trop d’importance à la normalité en général. Elle ne se gêne pas pour autant de complimenter quand l’enveloppe face à elle est excise et se montre alors aisément entreprenante. Chasser le naturel, il revient au galop, dirons-nous. Elle est mignonne la petite vendeuse du magasin de luxe ; elle s’extasiât d’entendre ces mots dans la bouche d’un acheteur bien dupe et c’est le signe d’une porte qui s’ouvre à elle. Était-il préférable d’être fermé à toute croyance qu’à croire tout et n’importe quoi ? Je vous le demande. Certaines croyances peuvent nous faire avancer, l’absence peut nous enclaver dans un monde rythmé par le rationnel. Rêver n’a jamais fait de mal.. Enfin, bien sure, quand il n’est pas utilisé démesurément. Comme pour le cas de la duchesse, qui voyait rapidement midi à sa porte. De toute façon, ce n’est qu’une question temps avant que le monde soit à ses pieds ; c’est bien connu, elle est si parfaite.

C’était l’heure de la fermeture du magasin. Un subalterne avait osé mettre les voiles un peu plus tôt que prévu et lui laissait la tâche de fermer. Elle, faire le sale travail ? Ranger et tout, l’avez-vous bien regarder ? De la plante de ses pieds aux cheveux soulevés par l’électricité statique, elle n’était pas conforme à ranger, ni même à faire le ménage. Elle se situait bien au dessus tous ça. Cependant, c’est bien connu. Notre duchesse a bon et grand cœur. Un coup de pied par ci, un coup pied par là et nous en parlons plus ; l'affaire est dans le sac. De toute manière, personne irait revendiquer sa façon d’agir ; être la fille du patron a bons nombres d’avantages. Redescendant les grilles de la devanture du magasins, elle chercha un peu partout où se trouvait les clés. Surement les avait-elle laissé dans la réserve ? Elle fila donc pour trouver ce satané trousseau. Fouillant parmi les cartons au cas où il soit tombé entre eux, elle renversa son sac sur le sol pour avoir la certitude, elle les trouva finalement dans ses poches de manteaux. Quoi ? On ne pense pas débuter systématiquement par se faire une fouille au corps. Elle râla un moment de ce temps perdus. La voilà énerver, la soirée s’annonçait de bonnes augures. Sur le point de remonter dans le magasin, elle entendit du bruit venant d’en haut. Quelqu’un était entré.
Surement un salarié ayant oublié quelque chose ou un voleur, Su Hee resta un moment sans faire de bruits. Lentement, elle chercha dans son sac. De quelle utilité pouvait être ses bâtons de rouge à lèvre ? Ce fard à paupières ? Ce crayon de Khôl ? Un flacon de parfum ? Ah si, comme remplaçant de bombe lacrymogène, cela pouvait faire l’affaire. Un couteau ? Oui, dans le sac de milady, cette ustensile est primordiale et tout à fait normal. Empoignant le manche de la lame, elle se glissa derrière la porte pour n’être vue par la personne qui arriverait dans la pièce. Au moins, elle pourra toujours faire mine de rien, si le visage ne lui était pas inconnu.. Ou pas. Que voulez-vous ? On ne fout pas la peur de sa vie à la duchesse, sans en payer les conséquences. Elle était folle mais, surement pas au point de se diriger directement dans la gueule du loup. L’art de la patience, elle savait à de rares instants le manier, elle-aussi.